Le Jour du Dépassement, une date de prise de conscience
Le Jour du Dépassement permettra-il de faire prendre conscience de l'urgence écologique ?
Qu'est-ce que le Jour du Dépassement ?
Le Jour du Dépassement est une date calculée chaque année par l'ONG américaine Global Footprint Network, sur la base de plus de trois millions de données statistiques concernant 200 pays, en tenant compte de la biocapacité de notre planète bleue et de notre empreinte écologique globale.
Elle est supposée correspondre au moment à partir duquel l'humanité aurait consommé l'ensemble des ressources que la planète peut générer sur une année. A partir de cette date, l'humanité puiserait dans les réserves de la Terre, et générerait donc une dette écologique. Nous reviendrons ensuite sur les spécificités de ce calcul et son analyse.
Pour l'année 2020, Global Footprint Network a estimé cette date au 22 août.
A l'échelle mondiale, cela signifie que nous consommons les ressources d'environ 1,6 Terre en un an. Si le Jour du Dépassement est le même pour toute la planète, certains pays creusent la dette écologique bien plus vite que d'autres. Par exemple, la France est bien au-dessus du chiffre mondial, avec un besoin de 2,9 Terre par an. Si toute la population mondiale vivait comme les Français, la date du dépassement se situerait autour du 5 mai.
Un indicateur controversé mais important
La présentation du Jour du Dépassement est controversée car elle nous donne une image faussée de sa réalité. En effet, elle évoque des notions de "stocks disponibles" et de "consommation", pas tout à fait réelles mais facilement compréhensible pour nos esprits habitués à ces termes commerciaux. On pense alors que sur une période de 8 mois nous avons coupé plus d'arbres qu'il n'en pousse, que nous avons pêché plus de poissons que la quantité apportée par le renouvellement naturel, et caetera ... Est-ce vrai ?
Et bien non, pas tout à fait ! Mais c'est une transposition facile à comprendre pour que nous nous rendions compte de la gravité de la situation, car le problème est réel.
En effet, deux éléments principaux entrent dans le calcul du Jour du Dépassement :
- La biocapacité de la Terre : il s'agit de sa capacité à fournir des ressources sur un an. Elle prend en compte différents éléments, comme le nombre d'animaux par habitant, les hectares de forêts, pâturages et terres agricoles, qui sont ensuite divisés par le nombre de terriens. Cela donne un ratio du nombre de ressources converti en hectare/habitant de notre planète.
- Notre empreinte écologique : l'impact de nos actions sur la planète. Cette empreinte transcrit nos besoins en hectare nécessaire par terrien pour créer sa nourriture, se chauffer et construire, par exemple.
En observant en détail les données de calcul fournies par l'ONG Global Footprint Network, on constate que le principal problème n'est pas le manque de ressources car la biocapacité disponible de la Terre est supérieure à nos besoins en pâturages, terres cultivables, pêche ou forêts. Toutefois, nous créons un vrai déséquilibre à cause de notre mauvaise utilisation de ces ressources : nous pêchons parfois trop de poissons au sein de la même espèce, pouvant amener à son extinction, ou déforestons certaines zones sans replanter autant d'arbres, en destinant les terrains à l'agriculture et aux pâturages, nuisant à l'écosystème en place et détruisant l'habitat naturel de milliers d'espèces animales.
Mais du coup, vous allez vous demander quel problème va au-delà de notre utilisation des ressources... C'est l'empreinte carbone !
Effectivement, Global Footprint Network analyse aussi deux autres éléments :
- Notre empreinte carbone, qui équivaut au CO2 que nous émettons pour notre vie quotidienne et ses besoins.
- La capacité d'absorption du CO2 par l'écosystème naturel.
La dette écologique se crée donc principalement sur ce point car nous émettons chaque année bien plus que ce que les forêts ou encore les océans peuvent absorber. Conséquence de cet écart, le CO2 émis n'est pas entièrement absorbé et traité, se stocke dans l'atmosphère et se retrouve à l'origine de dérèglements catastrophiques, notamment au niveau du climat.
Pour information, notre empreinte carbone représente plus de 60% de notre impact sur l’environnement.
Une date en net recul pour 2020
Depuis les années 1970, où le Jour du Dépassement se situait fin décembre, sa date ne fait qu'avancer. Par exemple, elle était située au 30 septembre en 1998 et au 31 juillet en 2019. Pour la première fois depuis sa création, elle est repoussée de 3 semaines et se situe pour 2020 au 22 août.
Une bonne nouvelle certes, mais qui ne traduit pas un changement de mode de vie. Ce recul est un des effets des mesures prises pour faire face à la crise sanitaire du Covid-19. En effet, le ralentissement économique, la baisse du trafic aérien, le confinement et l'arrêt de certaines industries ont eu un impact fort sur notre empreinte carbone qui a diminuée de 14,50 %. Mais sitôt la fin du confinement, la reprise des activités de transport ont entrainé de grosses émissions de carbone et un retour à une situation comparable à celle du début de l'année.
Nous ne pouvons donc pas considérer ce recul comme acquis. Il est éphémère. Nous pouvons malgré tout espérer que ces derniers mois auront apporté une prise de conscience sur ce qu'il est nécessaire de faire pour limiter notre impact négatif sur la planète et que les habitudes de vie et de consommation s'en trouveront modifiées.
Nous connaissons tous l'urgence de la situation et prenons conscience des actions que nous pouvons mener pour améliorer notre relation avec notre planète et toutes les espèces avec qui nous la partageons.
Suite à la crise sanitaire, plusieurs plans de relance se mettent en place, et nous pouvons espérer qu'ils intégreront une vision plus durable de notre foyer, et une poussée vers une consommation plus responsable.
La prise de conscience concernant l'empreinte carbone est en train de se renforcer et nous nous orientons de plus en plus vers une consommation locale et raisonnée, tout en faisant attention à nos déchets et au gaspillage.
Les chantiers sont multiples mais les solutions existent. C'est en adaptant nos modes de vie que nous arriverons à limiter notre impact écologie.
Ensemble, agissons pour reculer la date du Jour du Dépassement !
Une pandémie nous a montré que cette date pouvait être repoussée, notre objectif doit être que nous soyons la raison de cette date reculée pour 2021 et les années suivantes. L'objectif que nous pouvons nous fixer est de faire ce qui est à notre portée pour agir et repousser la date du Jour du Dépassement. Chaque geste compte, et aucune action n'est inutile !
Nos modes de vie sont en train d'évoluer :
- Le télétravail s'intensifie, et, comme le rappelle l'ADEME, en réduisant la mobilité, "on constate des effets favorables sur la congestion et les émissions de gaz à effet de serre et polluants". Les chiffres des derniers mois nous montrent que pour un potentiel de 35 % d’actifs en télétravail dont 18 % de primo-télétravailleurs issus de la période du confinement, la réduction des déplacements en France serait de l’ordre de 2,4 % soit 3,3 millions de déplacements évités par semaine, pour un gain d’environ 3200 tonnes de CO2.
- La mobilité alternative, comme par exemple le vélo et la marche pour les déplacements courts pourraient nous faire gagner 13 jours par an.
- En réduisant notre gaspillage alimentaire et en divisant par deux notre consommation de protéines animales, nous pourrions gagner 30 jours par an.
Ces exemples montrent que nous pouvons agir, en tenant compte de nos convictions, et que chaque geste est important.
Bonne journée à tous, prenez soin de vous et de la planète.
Et on espère qu'en 2021, on attendra le mois de septembre pour faire l'article sur le Jour du Dépassement ! 
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